Un Eléphant Blanc Mis à jour le 20/02/2016

, par ALCS

Le projet d’aménagement touristique résidentiel et golfique de Tosse touche à la fois au développement économique, à la création d’emploi, à la création de logements et à l’équipement du territoire.(...)

Une première interrogation vient immédiatement : pourquoi est-il nécessaire de coaguler ces trois préoccupations légitimes : la croissance démographique et son corollaire la construction de logements ; l’offre touristique dont le secteur est en plein bouleversement ; le projet golfique dont on nous dit que la demande est en forte progression. (*) en un seul projet ?

La seconde advient lorsque l’on essaie de s’interroger sur le mode de développement économique souhaitable ici comme ailleurs pour les 30 années qui viennent. Nos modes de vie (voraces en énergies fossiles) sur nos modes d’habitat (mitage et artificialisation des sols) sur la mobilité intensive de nos déplacements (habiter de + en + loin de son lieu de travail productrices de GES), sur nos loisirs, (consuméristes et énergivores) sont-ils soutenables ? De surcroît, face aux bouleversements économiques et agricoles que le changement climatique va imposer à notre région, ce projet est-il opportun ? (…)

*

Les trente glorieuses ont suscité une démocratisation du sport pour des motifs multifactoriels Les projets de l’époque peuvent s’expliquer par des facteurs culturels, démographiques et écologiques (...) On a assisté par exemple au développement sans précédent des stations de ski deuxième génération, à l’aménagement (?) du littoral Languedoc Roussillon ou au projet pour la côte Aquitaine (MIACA)

Le projet golfique et touristique de Tosse apparaît comme une réplique tardive du mode d’aménagement de la côte aquitaine portés dans les année 1970/ 80 par la MIACA (**). Deux visions se sont alors opposées, l’une portée par Philippe St Marc, soucieux de la préservation de l’environnement et l’autre par Émile Biasini plus proche des « aménageurs » (...) La position de ce dernier, supporté par les élus locaux et par Jacques Chaban-delmas l’a emporté dès 1971. D’où les réalisations que l’on connaît de Capbreton à Soulac (…) Seul le pays basque fut épargné par les porteurs de projet.

Voici ce que proposait la Miaca pour aménager le Pays basque :

« au Pays Basque, l’objectif principal est d’améliorer l’organisation urbaine par le renforcement des services, la création d’un centre d’activités tertiaires, l’organisation d’un système de transport, la sauvegarde de coupures vertes et la limitation du développement de l’hébergement touristique ». (***)

Voilà qui pourrait servir de support à la rédaction d’un autre projet, d’un contreprojet. Si les prémisses du projet de Tosse- la question de l’urbanisation, du tourisme et de l’emploi etc. - sont pertinents alors il est urgent d’ouvrir une réflexion très large qui prenne en compte la nouvelle donne climatique et sociale (Urgence climatique, / Justice sociale). Elle fait cruellement défaut dans le Dispositif du dialogue territorial qui est proposé aux habitants.

Dorénavant, tout projet de développement ne saurait être mis œuvre sans une réelle participation démocratique. Il s’agirait de réfléchir, en amont, sur la vision d’avenir pour notre territoire. Pour ce faire, il serait fait appel à toutes les forces associatives de ce territoire et pas seulement aux dépositaires d’intérêts financiers, immobiliers et à leur cabinet de spécialistes ! Un jury citoyen pourrait in fine en évaluer les propositions ( …)

Tel qu’il nous est « vendu » par les « décideurs » ce projet de pôle touristique majeur, de projet global d’aménagement nous semble inspiré par une conception et des manières de faire datées des années 1970. Il présente les caractéristiques d’un « éléphant blanc » c’est à dire « une réalisation d’envergure et prestigieuse, souvent d’initiative publique, mais qui s’avère plus coûteuse que bénéfique, et dont l’exploitation ou l’entretien devient un fardeau financier. » (****)

*
(*) Cf. l’interview sur France Info du président de la FFG sur le déclin de la pratique du golf.
http://www.franceinfo.fr/emission/france-info-golf/2015-2016/une-baisse-enrayee-30-01-2016-08-40
(**) MIACA Mission Interministérielle Aménagement Côte Aquitaine
(***) In Première politique d’aménagement touristique du littoral
www.littoral http://www.littoral-aquitain.fr/sites/default/files/miaca_livre_small.pdf
(***)Source : Wikipedia

EXERGUE

« Il faut que nous nous disions que depuis que l’homme est apparu sur la terre, jusqu’à maintenant, nous avons vécu sur une certaine conception : la conception que la nature était un bien gratuit, illimité, éternel. Il faut que nous nous disions au contraire maintenant et pendant tout le temps où l’humanité durera sur la terre, que la nature devient un bien rare, que c’est un bien qu’il faudra payer, payer de plus en plus cher si nous voulons le conserver, c’est un bien qui risque d’être temporaire et temporaire comme nous, c’est à dire que nous disparaîtrons avec lui.

C’est donc un bien essentiel et par conséquent, il doit être le bien de tous. C’est ce que j’ai voulu dire quand j’ai parlé de “socialisation de la nature”. J’ai pensé qu’en fait, il fallait une politique humaniste à l’égard de la nature et non pas une politique matérialiste. Une politique qui essaie de préserver ce bien commun, qui essaie aussi d’en faire bénéficier l’ensemble de la population et non pas quelques privilégiés seulement. Nous ne pouvons pas laisser approprier les grandes richesses du monde naturel par une minorité car nous aboutirions sans cela à une situation révolutionnaire. »

Extrait du livre Socialisation de la Nature
par Philippe Saint-Marc, 1971


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