Désherbants ou eau potable : à nous (et à nos élus) de choisir ? Compte rendu de la réunion du 2 Juin à ST Paul

, par ALCS

Echange d’informations organisé et animé par ATTAC LANDES CÔTE SUD
Avec l’aide efficace des Amis de la Terre 40

Une soixantaine de personnes était présente dont plusieurs membres de La Bande à Bonn’eau (un collectif de la basse vallée de l’Adour qui se bat pour une eau de qualité) et des agriculteurs.

La première partie concernait le phénomène des champs rouges (ou jaunes) selon le type de désherbant utilisé. Michel Peyroux, agriculteur bio en retraite, s’intéresse depuis 2016 à une pratique encouragée par la PAC (Politique agricole commune) : les nouvelles conditions d’attribution des subventions exigent de semer un couvert végétal en hiver sur les terres à maïs pour éviter la diffusion des nitrates (pour la protection des sols et des eaux). Dans certains cas, les agriculteurs ont recours au désherbage mécanique au printemps. Mais bien souvent, ils utilisent des désherbants à base de glyphosate, molécule chimique reconnue comme cancérigène par l’OMS et interdite dans les collectivités (mais pas chez les agriculteurs, ni les particuliers). Une bonne initiative perd ainsi tout intérêt, voire pire, à travers des décisions contradictoires influencées par les lobbies des pesticides. Michel Peyroux ne rassure personne quand il affirme ensuite que, pour une molécule (à peine) interdite, dix autres attendent leur mise sur le marché dans la plus grande opacité. Car le glyphosate est loin d’être le seul pesticide utilisé dans l’agriculture. Dans les Landes, le S-métolachlore très proche du métolachlore, un perturbateur endocrinien interdit depuis 2003, est utilisé comme herbicide dans la culture du maïs.

Dans la deuxième partie, trois membres d’Attac LCS présentaient les conséquences de l’utilisation des pesticides sur la qualité de l’eau dans les Landes. Tout d’abord, quelques chiffres : environ 88 000 habitants (22 % de la population et 33 % des communes) consomment une eau non conforme polluée par un ou plusieurs pesticides. Avec pesticides plus chlorites, les chiffres passent à plus de 111 000 habitants et 150 communes, soit 28 % de la population et 45 % des communes.

La teneur de l’eau en ESA et OXA métolachlore (issus de la dégradation du métolachlore) est visée. Au total, 29 unités de distribution du département dépassent la valeur limite de 0,1 microgramme par litre sur différents sites de pompage : jusqu’à 1,1 microgrammes sur le site d’Orist dans le Sud Adour. Mais, grâce à la magie des chiffres et des calculs, cette eau en dépassement manifeste est consommable bien que non conforme ! Qui produit et distribue l’eau potable dans le Sud Adour ? C’est le SIBVA (Syndicat Intercommunal de la Basse Vallée de l’Adour), un syndicat regroupant 25 communes (environ 30 000 habitants). Qui préside le SIBVA ? Francis Betbeder, maire de Sainte Marie de Gosse, mais aussi … cultivateur … de maïs ! L’eau potable vendue par le SIBVA est produite par 2 unités, Angresse (1 forage) et Orist (3 forages). Aucune de ces 2 usines n’est équipée pour le traitement des métabolites. Les analyses sont chères et beaucoup de molécules ne sont pas recherchées. Le scandale enfle et le SIBVA prévoit donc, non pas de peser sur la limitation de l’utilisation des pesticides, mais de construire une nouvelle usine très coûteuse payée par les consommateurs ! Une fuite en avant ! La règlementation ne va pas dans le bon sens. Le dernier arrêté pesticides (mai 2017) diminue encore la protection des riverains et s’annonce ravageur pour les cours d’eau du pays.

LES SOLUTIONS PUBLIQUES et POLITIQUES sont nombreuses : Produire moins d’eau potable, Promouvoir l’utilisation des eaux de pluie et des toilettes sèches, Agir contre les pesticides en augmentant leur fiscalité, en taxant les coopératives qui ne respectent pas les objectifs de réduction de leur utilisation, en créant un bonus-malus pour les agriculteurs, Faire respecter le plan Ecophyto 2, Investir dans la formation des agriculteurs et l’aide financière aux changements de pratiques, Mettre fin aux dérogations préfectorales …

Pour information, ci-dessous un fichier pdf, contenu d’une enveloppe du SIBVA reçue dans le courant du mois de juin :

 un courrier du SIBVA daté du 16 mai 2017

 un courrier de l’ARS daté du 12 avril 2017

 un communiqué de presse du Préfet daté du 07 avril et imprimé le 10
avril 2017 (simplement depuis www.landes.gouv.fr)

Le courrier du SIBVA vise à "dissiper la confusion de ces dernières semaines". C’est-à-dire ? Les actions de la Bande à Bonn’eau ? Les
différentes conférences sur le sujet ?

En tout cas, la réaction a tardé à venir, que ce soit entre les
communications du Préfet et de l’ARS (mi-avril) et la rédaction du courrier (mi-mai) ou encore entre cette rédaction et l’envoi du dossier aux "citoyens" (enveloppe estampillée le 09 juin - à Mulhouse...).

Mais comme d’habitude, le message est le même : dormez tranquilles, braves gens, le SIBVA s’occupe de tout..

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Courrier_sibva_juin_2017

"Quelques alternatives aux pesticides à utiliser au jardin. D’après vos
témoignages recueillis lors de la conférence du 02 juin sur les
pesticides et la qualité de l’eau..."